Il y a des choses qu’on aimerait parfois dire.. pouvoir écrire… Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Ne pas envenimer les choses ou se mettre en danger inutilement. J’ai cherché maintes et maintes fois la manière de dire ce qui s’était passée, ces deux dernières années. Mettre des mots sur ce que j’avais vécu. Expliquer comment je suis passée du rêve à l’enfer de la violence. Justifier mon absence. Ou au contraire tout simplement revenir comme si de rien était. Sauf que je ne serai pas entièrement moi, si je faisais cela. J’aurai l’impression de mentir, de trahir…
Ma vie, cette mascarade
Pour beaucoup, ma vie semblait et semble toujours parfaite. Les réseaux sociaux, une belle photo ou simplement un sourire… et on vous imagine vivre une vie remplie d’amour et de bonheur où tout vous réussi. J’ai pourtant toujours partagé mes humeurs, mes coups de gueule et surtout mes galères ici ou sur Instagram. Je ne cachais pas qui j’étais…
Mais pourtant, je vous ai menti… et pire, je me suis mentie pendant des années.
Ma vie empreinte de joie et d’amour… était en réalité une mascarade. Je ne le savais alors pas moi-même. Du moins, j’en avais pas totalement conscience. C’est beau comme l’amour ou parfois votre cerveau, pour vous protéger, vous empêche de voir la réalité telle qu’elle est. A moins que ce soit la méconnaissance, la naïveté ou simplement l’espoir?
Au-delà des apparences
Briser ma cage dorée
Mais pourquoi être restée ?
Certains me liront et ne comprendront pas pourquoi je suis restée tant d’années. Certains diront que j’étais idiote ou que j’aimais me faire maltraiter (malheureusement, on l’entend trop souvent!). Moi même, je le clamais haut et fort, que je ne serai pas restée dans de telles circonstances. Et pourtant… une fois l’amour installé, les projets, une famille… une fois que tu te retrouves seule sans amies et famille à des milliers de kilomètres… une fois cette cage dorée construire… tu te retrouves prisonnière. Les tourments passés, les excuses et justifications, la supplication de lui pardonner ou à l’inverse, dire que tout venait de moi, que j’étais folle… encore et encore… les promesses de changement et thérapies… je suis restée. Je trouvais des excuses et en acceptais certaines. Je me sentais responsable et je l’avais « bien cherché » comme il disait. Après tout, les premières années, la violence n’était pas contre moi. Ce n’était que de la « colère ou de l’impulsivité » comme l’ont dit certains. Sauf que voilà… les années passent et la violence s’intensifie. Parfois il se passe des mois sans qu’il y ait quoique ce soit… et tu crois enfin qu’il a changé. Que cette fois-ci, il tiendra ses promesses. Et la tasse brisée, le trou dans le mur ou le meuble renversé te font comprendre que non. Encore une fois, tu te dis que ce n’est pas si grave… tu n’as reçu aucun coup. Et un jour, tu es enceinte… et là, tu te retrouves au sol. Soit disant un accident. La manipulation est telle que tu ne sais plus quoi croire et quoi penser. Tu as réellement l’impression de perdre la tête!
Et après?
Partir a été un moyen de me libérer. Porter plainte, celui d’une justice. Parler ici, est le moyen que j’ai trouvé pour rompre ce lien toxique, cette relation dangereuse, ce silence. Partager, c’est surtout pour aider à mon tour quelqu’un qui se trouverait à des milliers de kilomètres de chez soi et qui ne saurait comment faire pour s’en sortir. Aider quelqu’un qui ne connaîtrait pas toutes les ressources disponibles au Québec et que j’ai découvert. Bref, rompre le silence et témoigner est pour moi une manière de me reconstruire, de me pardonner d’être restée et de sensibiliser autour de moi.
J’ai été brisée et anéantie. Je suis morte de l’intérieur à petit feu.. mon âme, ma lumière et ma personnalité ont été détruites tel un miroir qui se brise. Ce miroir, brisé à coup de rage, qui a failli brisé bien plus qu’un objet. Ces éclats qui m’ont ouvert les yeux la première fois… et qui finalement aujourd’hui nous offre cette nouvelle vie.
Le prix de cette liberté est lourd à payer et les dommages collatéraux sont immenses. Pourtant je sais que je suis plus forte aujourd’hui, que le meilleur est à venir et que surtout ma vie ne sera plus synonyme de violences. La noirceur de certaines personnes est telle qu’elle peut t’entraîner à ta perte. Mais comme dirait Dumbledore « Vous savez, on peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres. Il suffit de se souvenir d’allumer la lumière ». Et cette lumière, je la retrouve enfin petit à petit.
Pomme de tech says
Bonjour,
Courage dans cette épreuve, il est temps de se reconstruire. Le temps fera le reste !
Très belle démonstration de force de ta part d’en parler ouvertement.
Soulier vert says
Merci beaucoup pour tes mots! Oui tu as raison, l’heure est à la reconstruction et à la création de mon bonheur!