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Grossesse & travail au Québec : des droits souvent bafoués

Au moment d’annoncer sa grossesse à son travail, un sentiment de peur et d’appréhension peut vous envahir bien plus que la joie d’annoncer la nouvelle. Savez-vous qu’en 2019, la grossesse et les congés de maternité continuent d’être un motif de discrimination ?! Ces 10 dernières années, au Québec, le nombre de femmes qui a déposé plainte pour congédiement ou représailles liées à la grossesse à fait un bon de 41% selon Radio Canada.

En pleine insomnie, j’avais envie de prendre la plume pour partager ce sujet qui m’affecte particulièrement en ce moment…

Une pratique illégale

Dès que l’employeur est au courant de la grossesse de son employé, la femme enceinte semble jouir d’un statut particulier pour la protéger selon la loi, que ce soit en France, en Suisse ou au Canada. Mais voilà, la réalité est tout autre. Certains employeurs sans scrupules n’hésitent pas à licencier ou à pousser à la démission leur salariée enceinte car cela semble « trop compliqué à gérer » ou « posait des problèmes d’organisation et de gestion ». Prétextant une incompétence soudaine ou portant une accusation pour faute grave sortie de nulle part afin de se protéger contre la loi, ils n’hésitent pas à diminuer les heures de travail ou le salaire, changer les conditions de travail, à intimider, à harceler et à faire craquer leurs salariées. Certains préfèrent pousser à la démission afin de rester en accord avec la loi😱. Licenciée une femme enceinte suite à son annonce est ILLÉGAL!!!! Illégal que vous soyez en France, en Suisse ou au Canada.

En france, Le Code du travail détaille formellement les règles applicables en matière de « protection de la grossesse et de la maternité » (section I du chapitre V : Maternité, paternité, adoption et éducation des enfants, articles L1225-1 à 36).  ⠀

Au Québec, la Charte des droits et libertés de la personne (C12, Chapitre I.1 section 10) vous garantie le droit à l’égalité en dépit de votre grossesse  et la loi sur les normes du travail (Article 122)  vous protège en cas de licenciement ou représailles suite à l’annonce de votre grossesse.

Porter plainte ou non?

Si ces pratiques sont bien connues, beaucoup trop de femmes n’osent pas porter plainte car c’est un réel parcours du combattant sans oublier le stress que cela engendre. ⠀

Imaginez, vous vivez ce moment merveilleux et inoubliable qu’est votre grossesse… Vous l’avez annoncé fièrement à votre entourage et vous pensez que rien ne viendra entacher ce bonheur. Que vous êtes forte telle Superwoman et que vous pourrez tout affronter : les nausées, la fatigue extrême et même le travail.  Et là… vous recevez une lettre dévastatrice vous licenciant prétextant des erreurs ou une faute grave. Pourtant, quelques jours avant l’annonce, vous receviez encore des félicitations pour votre travail et votre implication. Vous n’aviez jamais reçu d’avertissements ou de sanctions…

Au Québec, la CNESST (normes du travail) est là pour vous aider. Porter plainte est une démarche longue et pénible où votre parole ne semble pas faire le poids face à votre ancien employeur. Sachez qu’au Québec, vous avez 45 jours à partir du congédiement ou de la sanction, pour déposer une plainte auprès de la CNESST pour « pratique interdite ». Si votre plainte est recevable, la CNESST vous proposera dans un premier temps une médiation afin de trouver une solution. Si la médiation est impossible,  la plainte sera transmise au Tribunal administratif du travail qui procédera à un jugement.

Se battre pour ses droits

Vous n’auriez jamais pensé que cela vous arriverez à vous. Et cela peut vous anéantir, rendant votre grossesse plus difficile, plus stressante voir dangereuse. Vous vous sentirez certainement honteuse (à tord), incomprise, impuissante et vous n’aurez certainement pas la force de vous battre. Vous aurez dû mal à affronter la situation ou aurez envie de simplement passer à autre chose en gardant pour vous, tel un terrible secret, ce qui vient de vous arrivez! Un sentiment de culpabilité vous envahira alors, vous pourrissant de l’intérieur jusqu’à ce que vous explosiez peut-être ou alors vous tournerez la page et accepterez cette fatalité.

Je n’aurai jamais pensé vivre tout cela et encore moins dans ma nouvelle vie d’expatrié au Canada. Les répercussions sur mon état de santé ont été désastreuses : insomnies, cauchemars, crises d’angoisses, contractions dues au stress, idées noires… Émotionnellement, cela m’a détruite et j’ai frôlé la folie avant de simplement abandonner. J’ai été tour à tour en colère, honteuse, triste, sans vie et  je suis allée jusqu’à remettre en cause cette grossesse tant désirée pensant que ça avait été une erreur de vouloir concilier grossesse et travail.  Pensant que tout était de ma faute, que je n’aurai jamais dû tomber enceinte alors que j’avais accepter ce travail. Sans parler de la perte d’estime de soi ou des difficultés financières que cela a engendré…

Essayer de remonter la pente alors qu’on se sent abandonnée et seule face à un monstre de l’industrie du travail à l’air insurmontable. Essayer d’apprécier sa grossesse malgré cet anéantissement et toutes les embûches qu’un licenciement entraîne semble impossible. Se battre sans savoir si on aura gain de cause. Si on nous croira… ou si tout cela sera vraiment utile… Peu importe! Battez vous quand même…

Vous avez des droits!!! Vous ne devez pas vous laisser faire!! Il est temps que ça change, que les mentalités évoluent et que les droits des femmes/femmes enceintes soient respectés. Je sais que c’est difficile et peut-être que vous n’aurez pas gain de cause mais battez vous!!!

J’ai envie de croire en la justice et au karma ! J’ai envie de me battre pour mes droits! J’ai envie de montrer l’exemple à toutes les petites filles qui vont naître dans notre monde en leur disant qu’elles peuvent tout faire y compris fonder une famille et travailler sans risquer de voir leurs droits bafoués…

Si toutes les femmes réagissaient et dénoncaient chaque injustice, notre monde n’en serait que bien plus beau!!! Alors si toi aussi tu as subi une injustice, dis-le moi en ici ou en privé, en utilisant #stopinjusticepregnancy sur les réseaux sociaux et surtout fait entendre ta voix !!! Fais entendre tes droits 💕✨

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Soulier vert: Sarah, 33 ans, nancéienne installée au Québec. Ancienne étudiante en histoire de l'art, désormais blogueuse lifestyle et pop-culture. Un poil geek, fan de mode retro et d'Harry Potter, c'est avec une tasse de thé que je vous accueille dans mon univers.

View Comments (14)

  • pour ma part, je n'ai pas été congédié mais on me refusait les limitations que la csst et mon médecin avait demander à cause de mon diabète de grossesse (piqure d'insuline, test de glycémie) sois disant par manque de temps...alors mon médecin m'a mise en arrêt complet puis le travail m'ont appeller rendu a ma 34e semaine de grossesse pour me harceler pour revenir au travail en me menaçant de congédiement si je ne revenait pas au travail immédiatement... j'ai porter plainte au normes du travail et à la csst. en plus de me demander lorsque j'ai annoncé ma grossesse qu'ils espérait que ce soit ma dernière grossesse et me demandant si j'avais l'intention d'en avoir d'autre... quel manque de tact et de savoir vivre !!! bref les employeurs de nos jours se permettent un peu trop de bafouer les lois à cause du manque de main-d'oeuvre.

    • Mon dieu!!!! Ton témoignage me fait froid dans le dos!!! Et alors, ça a donné quoi ta plainte ?!

      Je trouve ça scandaleux et inhumain. J’espère qu’à force de témoigner et de libérer la parole, les choses changeront...
      A nous toutes, on fera évoluer notre société 😀

  • Effectivement, la femme enceinte est censée être protégé de ce genre de pratique de la part des employés ! Et si jamais on subi ce type de pression et d'abus, il ne faut pas se laisser faire ! C'est fou qu'en 2019 des employés puissent encore mal réagir à l'annonce d'une grossesse.

    • Si seulement toutes les femmes dénonçaient ces pratiques... c’est difficile de gérer sa grossesse et ce combat!!! Mais peut-être que dans les années à venir, les choses changeront!!!

  • Merci pour toutes ces explications, je n'étais pas au courant. Belle journée

  • Coucou,
    Je trouve ça tellement dégueulasse de bafouer les droits des femmes ainsi ! Une grossesse devrait être un moment magique et pas une prise de tête pour garder son job... Malheureusement c'est souvent le cas, ou alors tu as l'employeur qui te demande si tu comptes avoir bientôt des enfants lors de l'entretien, ça aussi ça me révolte...
    Plein de bisous !

    • Plus les gens osent réagir à mon billet ici ou sur Instagram, plus j’ai l’impression que c’est devenu monnaie courante ce genre de comportement !!! En 2019, ça devrait être possible de cumuler travail et enfant sans se sentir coupable ou honteuse et avoir peur de perdre son emploi!!!

  • j ai vécu la même chose en France ... Deux fois...
    La première fois on a fait une transaction aux prudhommes et la seconde j ai baissé la tête... Ce n'est pas normal et ça existe partout c'est triste :(

    • C’est scandaleux!!!! Je suis vraiment désolée et attristée que tu aies vécu cela à deux reprises. A notre époque, cela ne devrait plus arriver!!!!

  • Hello, autant ça ne m'étonne pas en France, autant je ne voyais pas ça possible au Canada. Je suis désolée que tu aies eu à subir tout ça...

    • Je ne m’y attendais pas non plus!!! J’avais l’illusion de croire qu’ici, les choses étaient différentes peut-être à cause des procès... ou de leur plus grande tolérance et culture de la famille 🤷🏻‍♀️

  • C'est fou, bizarrement je n'aurais pas cru que ça pouvais être pareil au Canada. Ce qui est stupide parce qu'en fait ça dépend des boîtes mais malheureusement c'est tellement fréquent...ici deux grossesses dans deux boîtes différentes (et dans deux domaines différents) et à chaque fois des droits bafoués...j'ai parlé d'attaquer à une association mais on m'a clairement notifié que je n'avais pas assez de preuves et que, en gros, j'aurais du continuer à bosser pour amasser des preuves. Sauf que non, je ne veux pas mettre ma grossesse en danger pour ça...et tout ce qui m'a été dit avant était évidemment à l'oral, et quand j'en parle on me demande pourquoi j'ai accepté le peu que j'ai accepté...je devais passer responsable et on m'a fait comprendre que "comme j'avais un enfant et possiblement un deuxième, ça ne serait pas possible" parmi tant d'autres choses. pour ma première grossesse c'est mon augmentation qui avait été remise en cause...bref, je trouve ça toujours dingue à notre époque d'en arriver là. d'un côté on dit qu'il faut faire des bébés et de l'autre on s'en prend plein dans la gueule.

    • Merci pour ton témoignage!!!
      Ce que tu as vécu est absolument révoltant et c’est bien normal d’avoir voulu protéger ta grossesse...
      J’espère qu’à force de témoignages, les choses bougeront et que nos droits seront enfin respectés !!!

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